Billet d’humeur : A propos du dossier « Chrétien.nes LGBT : un meilleur accueil ? »

Les journaux régionaux de l’EPUdF de mai 2022 viennent de publier un dossier intitulé « Chrétien.nes LGBT : un meilleur accueil ? ». Ce dossier au titre « accrocheur » aurait pu être passionnant. En effet, le Synode national de notre Eglise a, par une décision du 17 mai 2015, autorisé nos pasteurs à bénir les unions homosexuelles.

Les opposants étaient nombreux dans notre Eglise lorsque cette décision a été prise. Il a donc paru judicieux aux responsables de nos journaux régionaux de s’interroger sur l’accueil réservé par nos paroisses aux homosexuels en général et aux bénédictions nuptiales des unions homosexuelles en particulier.

L’ennui, c’est que le travail n’a pas été fait correctement, et même, pas du tout.
Avant d’expliquer pourquoi nous critiquons ce dossier, nous voudrions rappeler les deux grands principes protestants définis au XVI° siècle par les Réformateurs :
– le premier est l’autorité souveraine des Saintes Ecritures (en français courant : la Bible !) en matière de foi et de règle de vie ! Ce principe nous protège des errements dans lesquels la raison aurait vite fait de nous entraîner.
– Le second est le salut par la grâce de Dieu seule, par le moyen de la foi seule en Jésus-Christ seul ! Le salut ne dépend donc pas du croyant, et surtout pas de ses mérites ni de ses actions, si pieuses soient-elles, mais de Dieu seul. Ce salut s’inscrit dans le sacrifice unique et parfait de Jésus-Christ. Par contre le travail de sanctification qui suit le don du salut va durer toute la vie et sera un travail commun entre le fidèle et son Dieu. En effet, un seul est saint, sans péché et parfait : Jésus-Christ. Tous les autres, moi comme vous, nous sommes pécheurs. Nous ne pouvons que demander pardon à Dieu pour nos péchés et nos fautes, comptant sur sa seule grâce pour nous pardonner. Pour reprendre une expression de Martin Luther : « le chrétien est toujours pécheur, toujours repentant, toujours pardonné ».

Ces deux principes, communs à tous les protestants, étant posés, revenons à notre dossier. Celui-ci s’interroge sur l’accueil réservé par nos paroisses aux homosexuels depuis 2015 ou plutôt, devrait s’interroger. Or que voyons-nous : six articles entièrement dévoués à la cause homosexuelle+. Le dossier ne se pose pas la question qu’il présente en titre, il engrange les raisons qu’il y a à inclure les homosexuels+ dans nos paroisses. Rappeler les raisons présentées au Synode par le rapporteur du sujet en 2015 aurait été intéressant. Car en réalité, bien peu savent véritablement aujourd’hui pourquoi le synode avait voté pour l’autorisation donnée aux pasteurs de bénir les unions homosexuelles. Or le dossier n’avance qu’un seul argument : l’accueil inconditionnel de Dieu. Dieu ne rejette personne nous disent les six articles, comme une litanie. Dieu aime tout le monde et accepte tout le monde, nos paroisses doivent faire de même ! Un point c’est tout.

Il y a ici un manque certain de professionnalisme de nos responsables de journaux : le dossier présenté manque cruellement d’arrière-plan spirituel, biblique et théologique. Il se contente de donner la parole à un lobby qui ne souhaite pas vraiment vivre l’Eglise comme tout un chacun. Ce lobby, souvent revanchard et exigeant, s’impose dans l’Eglise sans grande résistance de la part de nos paroissiens. Ceux-ci ont peur d’être accusés de manque de bienveillance et d’humilité ; bref, d’être taxés d’homophobie.
Or, les six articles du dossier le montrent bien : ceux qui mettent sans cesse en avant la cause homosexuelle dans l’Eglise ont oublié que les homosexuels n’ont rien de plus ou de différents que les autres : ils sont invités à se soumettre à l’Ecriture Sainte, comme tous. Ils sont pécheurs comme les autres, sont appelés à se repentir comme les autres, à compter, comme les autres, sur la seule grâce de Dieu pour recevoir Son pardon. Et à changer de comportement si nécessaire pour avancer dans la sanctification qui permet à chacun de cheminer avec Dieu pour devenir conforme à Sa volonté pour nos vies.

Malgré cela, aucun des six articles ne laisse transparaître la moindre remise en cause, la moindre interrogation sur la justesse biblique de ceux qui prétendent servir la cause de la communauté homosexuelle. Rien ! Juste l’exigence de l’accueil inconditionnel de Dieu, donc du nôtre. Le dossier sous-entend que dans nos paroisses règnerait encore et toujours l’absence de reconnaissance, notamment des difficultés que des homosexuels peuvent vivre. Il ne s’y vivrait donc aucune bienveillance à leur égard, aucun accueil véritable… Rien !
Voilà pourquoi, selon la thèse sous-jacente de ce dossier, dans une forme de moralisme déplacé, il faudrait rééduquer les paroissiens hétérosexuels, leur enseigner l’accueil de celles et ceux qui leur sont différents.

Peut-on encore refuser la mise en avant dans l’Eglise d’une idéologie qui promeut déconstruction et indifférenciation sexuelle, sans être accusé d’homophobie ? Cette injonction totalitaire à montrer « patte blanche » sur le plan d’une nouvelle éthique devient agaçante et même insupportable.

On le constate, nos deux grands principes protestants sont ignorés avec dédain et sans surprise par ceux qui prétendent défendre la communauté homosexuelle.
Je suis sûr que bon nombre de nos paroissiens homosexuels sont choqués par ce dossier qui dessert leur cause plus qu’elle ne la sert. Les abonnés de nos journaux régionaux ne peuvent que souhaiter que les responsables des dits journaux se ressaisissent pour les prochains numéros.

Bernard de Visme
pasteur à la retraite
et ancien aumônier militaire