Garder la foi

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par Matthias Helmlinger, pasteur de l’EPUdF

« Si vous ne croyez pas que Moi JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés »  [Jean 8/24]

D’après l’évangile de Jean, le Ressuscité montant vers son Père avait confié aux siens une mission qui se résume à remettre les péchés [Jean 20/23]. La connaissance que les gens pourront avoir du pardon des péchés dépend du fait, si oui ou non, nous remplissons cette mission. Cette mission n’est pas facultative ou réservée à quelques-uns, elle est transmise par le Ressuscité quand il insuffle l’Esprit de Sainteté dans les siens [Jean 20/22].

Vivre de l’Esprit, c’est faire découvrir à tous le pardon des péchés.

Nous avons ici, dans Jean 8/24 la seule façon pour les gens de découvrir le pardon des péchés : croire en qui est Jésus. Il est celui qui dit « JE SUIS ». C’est ainsi que le Seigneur Dieu avait parlé à Moïse dans le buisson ardent : « JE SUIS qui JE SUIS» ou bien: «JE SERAI QUI JE SERAI» [Exode 3/14]. La voix qui a parlé à Moïse dans le buisson ardent lui a même ordonné de retourner auprès des Hébreux encore esclaves en Egypte en leur disant : « JE SUIS m’a envoyé vers vous » [Exode 3/14].

Croire que Jésus est le Seigneur Dieu, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob n’est pas une foi que nous pouvons nous donner nous-mêmes. C’est ce qui apparaît dans l’évangile de Jean : des Juifs croient en Jésus et pourtant Jésus finit par leur dire qu’ils sont du diable [Jean 8/44]. Pourquoi ? Parce qu’ils ne gardent pas les paroles de Jésus. Ils en gardent ce qui leur convient et ainsi ils n’ont pas une foi qui vient de Dieu. La même chose a eu lieu pour l’apôtre Pierre et les apôtres : le jour même où Pierre confesse que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, Jésus l’appelle « Satan », car il n’accepte pas les paroles de Jésus concernant sa mort sur la croix [Matthieu 16/23]. Les apôtres, à un moment donné, sont impressionnés par le fait que Jésus devine leurs pensées, et ils disent alors à Jésus : « Maintenant, nous croyons que tu es sorti de Dieu » [Jean 16/30], mais Jésus n’a aucune confiance en leur foi. Il leur prédît qu’ils vont l’abandonner [Jean 16/32]. L’évangile, particulièrement de Jean, nous enseigne donc qu’il y a une foi en Jésus qui est fausse, qui vient du diable et nous empêche de connaître qui est Jésus. La façon d’en sortir, c’est d’écouter toutes les paroles de Jésus, sans en exclure aucune, et de le laisser Lui, nous donner la foi. C’est ce qu’il veut faire. Dans sa prière à son Père, il dit de ses apôtres : « Ils ont cru que tu m’as envoyé » [Jean 17/8] (seulement huit versets après celui que je viens de citer, où Jésus mettait en doute la foi autoproclamée de ses disciples !).

Jésus a confiance dans la foi que Lui, donne à ses disciples, à leur insu. Ses disciples ont gardé Ses paroles, même les plus choquantes, même sans les comprendre. En les gardant, ils reçoivent la foi, parce qu’elle vient de Jésus, de l’Esprit–Saint dont les paroles de Jésus sont pleines. C’est pourquoi, il nous faut toujours être vigilants, quand nous sommes tellement sûrs de nous-mêmes, sûrs d’avoir la foi. C’est Jésus qui a la foi pour nous, qui en est l’origine et qui la mènera au but final. Mais notre responsabilité consiste à ne rien rejeter des paroles de Jésus.

Nous ne sommes pas sûrs de nous, nous sommes sûrs de Jésus. Il est Celui qui dit « JE SUIS » à Moïse, et à nous aujourd’hui.

Le prophète Esaïe avait annoncé un nouvel exode, un évènement où le Seigneur Dieu interviendrait à nouveau lui-même en personne, comme lors de la sortie d’Egypte. Le retour des Juifs dans leur pays et tous les miracles accompagnant ce retour seront quelque chose d’inimaginable. Et Dieu dit : « Mes témoins à moi, c’est vous – oracle du Seigneur – mon serviteur, c’est vous que j’ai choisis afin que vous puissiez comprendre, avoir foi en moi et discerner que MOI, JE SUIS : avant moi ne fut formé aucun dieu et après moi il n’en existera pas » [Esaïe 43/10]. Les apôtres, après tous les miracles extraordinaires qu’ils ont vu Jésus faire, l’ont finalement vu ressuscité. Ils ont reçu la foi en Celui qui a dit bien des fois avant sa mort et qui l’a dit plusieurs fois pendant sa passion : « JE SUIS ». Toujours à nouveau il nous le dira au plus intime de nous-mêmes. Et nous ne pourrons pas nous taire, comme les apôtres n’ont pas pu se taire, après avoir vu le Ressuscité.

Ils ne se tairont plus jamais, malgré les menaces et les persécutions violentes. Ils ne peuvent faire autrement : le Ressuscité est apparu, le Ressuscité ne cesse de souffler en nous pour nous faire témoins du pardon des péchés. Car c’est cela, la résurrection : une preuve du pardon des péchés. Du temps où il y avait le temple à Jérusalem, à Yom Kippour, on attendait anxieusement que le grand prêtre revienne du lieu très saint où il était allé demander le pardon des péchés pour tout le peuple resté dehors. Sa réapparition en public, vivant, était la preuve que le Seigneur Dieu avait accordé ce pardon au peuple. Tel est le sens des apparitions du Crucifié-ressuscité.

La Bible parle du péché et de la grâce. Comment est-ce possible, de parler des deux en même temps ? Comment pouvons-nous vivre sans être schizophrènes, déchirés entre la Loi et la Grâce ? Et de fait, nous ressemblons souvent à ceux qui, dans l’évangile sont du diable, en voulant nous donner la foi par nous-mêmes, et nous tombons soit dans le légalisme ou dans le dogmatisme intransigeant, soit dans la grâce, en édulcorant le péché, en le niant (et ipso facto, la grâce n’est plus une grâce) – ou dans le relativisme concernant toute doctrine ferme et solide quant à Jésus-Christ. Sans la présence du Ressuscité et du Saint-Esprit en nous, tout ce que nous faisons pour devenir témoins par nous-mêmes, à la force de notre intelligence, de notre volonté, c’est du foin. Sans la présence du Ressuscité, toute église que nous construisons selon nos désirs humains, ouverte, fermée, libérale, tolérante, confessante, attestante, c’est du foin. Il n’y a pas le mot « église » dans l’évangile de Jean. Il y a ceux qui appartiennent au berger et qui connaissent sa voix [Jean 10/4].

L’EPUdF veut témoigner. La baisse drastique du nombre des fideles est alarmante. Dans des familles entières, traditionnellement protestantes de génération en génération, la foi s’est évaporée dans l’air du temps. La tentation est grande de vouloir remédier à tout cela en lançant des programmes, en boostant le témoignage, en encourageant le volontarisme, ou en essayant de séduire par la suppression de la notion de péché, en inventant des slogans comme la grâce, la confiance, l’amour inconditionnel de Dieu, comme si les mots portaient une puissance en eux-mêmes indépendamment de qui est Jésus. Le nominalisme, c’est-à-dire la foi dans des mots-slogans, comme si les mots avaient une vertu par eux-mêmes, a toujours été une des faiblesses du protestantisme. Il n’y a pas d’autre solution que d’écouter Celui qui nous parle sans cesse du haut de la croix. « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous connaîtrez que JE SUIS » [Jean 8/28]. L’Esprit-Saint agit, il a été envoyé pour cela, « Il convaincra le monde, dit Jésus. Il le convaincra en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement. Et le péché, le voici : ils ne croient pas en Moi », dit Jésus en Jean 16/8-9.

Où en sommes-nous de notre foi ? J’avais envie de poser cette question, mais en même temps je me surprends à être encore du côté de ceux qui se donnent à eux mêmes la foi. Car la Bible parle bien plus souvent de la foi du Seigneur que de notre foi. La vraie question est : « où en sommes-nous de la foi du Seigneur Jésus ? » C’est sa foi, c’est Lui « qui est l’initiateur de la foi et aussi celui qui la mène à son accomplissement » [Hébreux 12/2], mais c’est à nous de garder ses paroles. Les garder, c’est s’en imprégner et ne pas trier celles que nous acceptons et celles que nous refusons. Chaque fois que je fais du tri dans les paroles de Jésus, je me mets devant lui, comme Pierre, je deviens Satan pour lui, au lieu de me mettre derrière Lui. Quand j’accepte tout ce que Jésus dit, il me donne de dépasser mon incompréhension, voire mon aversion pour certaines de ses paroles et c’est cela qui donne la vraie liberté. En effet, Jésus a dit Jean 8/31-32 : « Si vous, vous demeurez dans la parole, la mienne, vraiment mes disciples, vous étés ; et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libèrera ».

Le verset que nous méditons « si vous ne croyez pas que Moi JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés » [Jean 8/24] est extrait d’une longue discussion de Jésus avec des Juifs qui lui avaient amené une femme surprise en flagrant délit d’adultère, les péchés sexuels étant ceux qui suscitent le plus de réprobation dans toute bonne société. Vous connaissez cette histoire, la réponse de Jésus étant devenue proverbiale : « que celui qui est sans péché lui jette en premier une pierre » [Jean 8/7]. Jésus était devant un piège redoutable, car il ne pouvait pas nier la Loi, puisqu’il a dit être venu l’accomplir Matthieu 5/17. Nous admirons la façon dont il s’est sorti de ce piège, mais nous oublions que les pierres qui avaient été momentanément laissées par terre, ont été ensuite ramassées pour les jeter sur lui [Jean 8/59]. Pourquoi ? Parce qu’il a enseigné sur le péché ! Jésus s’en est tiré en se cachant et en sortant du temple. Sinon, il serait mort lapidé. Tout cela nous enseigne: nous avons condamné à mort celui qui a refusé de nous condamner.

Tout se serait bien passé si Jésus s’était contenté de laisser repartir la femme adultère. Mais il a continué, en enseignant d’une manière approfondie sur le péché, notamment du péché qui se glisse dans notre foi. Si bien qu’Il ne nous a pas laissé d’autre issue que de reconnaître qu’il est Celui qui dit depuis le début à Israël : « JE SUIS ». Oui, nous avons condamné celui qui a refusé de nous condamner ! Nous l’avons mis sur une croix. Mais il avait annoncé : « quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous connaîtrez que JE SUIS » [Jean 8/28]. Gardons cette parole. Amen.