Moderniser la déclaration de 1938

Par Philippe Malidor, Bourges

La mouture proposée ci-dessous comme Déclaration de Foi dans le cadre de l’EPUdF a été faite en ayant pris connaissance des articles fort intéressants parus dans Ressources n°2 (oct 2015) sur ce qu’est et sur ce que n’est pas une Déclaration de Foi.

On a eu soin de lire préalablement la longue argumentation de l’EPUdF : « Vers une nouvelle Déclaration de Foi » qui ne manque pas d’intérêt ni de bonne volonté, mais qui n’en aboutit pas moins à un texte peu consistant, de notre point de vue.

La DdF de 1938 peut sembler assez pompeuse (dans le style de l’époque) et son côté « oraison » (même indirecte) à Dieu paraît décalé, au sens où une DdF n’est pas une DdF à Dieu mais sur Dieu. Il va de soi que les avis peuvent diverger sur cette question, comme sur d’autres.

On a tenté de tenir compte de certaines formulations de la mouture de l’EPUdF qui ont quelque intérêt. Le souci d’être lisible « de l’extérieur » doit être préservé. On s’est donc efforcé de bannir tout « patois de Canaan » (c’est-à-dire ce langage d’initiés qui n’évoque plus rien à nos contemporains et peut-être même pas à la jeune génération de l’EPUdF), sauf le terme de sanctification auquel on n’a pu trouver d’équivalent satisfaisant, même en consultant plusieurs versions bibliques dites « à équivalence dynamique » (c’est-à-dire des traductions soucieuses de restituer le sens au lecteur contemporain au lieu de coller aux textes d’origine).

Il y a un côté rude dans les enjeux de la foi en Jésus-Christ. Par souci de présenter un christianisme sympathique, cet aspect est souvent gommé dans les citations que nous faisons de la Bible. Or, la notion de danger et de combat n’est pas réservée aux jeux vidéo. Ainsi, Jean 3.16 (qui est un exemple emblématique et nullement isolé) est à citer en entier

Dans cette même logique, une place a été faite à la notion de liberté qui est très présente dans la proposition de l’EPUdF, mais en la plaçant dans un autre contexte.

Même motivations quant au traitement de la notion de vérité avec les conséquences en termes de proclamation.

Les protestants tiennent légitimement au concept paulinien de gratuité du salut. La difficulté consiste donc à éviter l’écueil du salut par les œuvres (et la foi peut en devenir une !) tout en faisant passer l’idée qu’on n’est pas chrétien malgré soi et que le salut n’est pas automatique, « à l’insu de notre plein gré »…

La ligne directrice a été double :

  • Ne rien jeter des affirmations de fond de la DdF de 1938.
  • Garder présente à l’esprit la volonté de « sortir du bocal » protestant en veillant à des formulations compréhensibles par tout un chacun. Celles-ci ont d’ailleurs l’intérêt de nous amener à redécouvrir nos propres concepts (comme celui de repentance que « changement de vie » semble suffisant à restituer, dans la mesure où on ne change pas de vie si on n’a pas changé intérieurement).

Toute personne consultant ce site est appelée à donner son avis, de préférence argumenté.

 

Proposition de Déclaration de Foi retravaillée

Dans la communion de l’Église universelle, l’EPUdF affirme la foi chrétienne à travers ses expressions successives dans le Symbole des Apôtres, les Symboles œcuméniques, les confessions de foi de la Réforme et les Livres symboliques. Elle en trouve la source dans la révélation biblique dont l’Évangile est le cœur.

L’EPUdF affirme l’autorité souveraine de la Bible, telle que la fonde le témoignage intérieur du Saint-Esprit ; dans les Écritures saintes dont elle savoure la richesse inépuisable, elle trouve tout ce qui est nécessaire à l’être humain pour nourrir sa foi et inspirer sa vie.

Créé à l’image de Dieu, l’être humain a néanmoins provoqué la rupture en ne voulant pas faire confiance au Dieu d’amour : la mort a atteint tous les hommes : d’ailleurs tous ont péché (Romains 5.12). C’est par la foi en Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, que devient possible la réconciliation avec le Père. Condamné à notre place, Jésus a été relevé d’entre les morts afin que par lui nous vivions : Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. (Jean 3.16)

Le Christ ne sauve pas l’être humain malgré lui ; en adhérant à l’enseignement et à la personne du Christ, le croyant manifeste par son changement de vie la sincérité de sa démarche. Ses bonnes actions ne sont pas la cause de son salut, mais elles en découlent dans une logique de reconnaissance. La nouvelle naissance (Jean 3.3) inaugure toute une vie de sanctification (Hébreux 12.14) inspirée par le Saint-Esprit, alimentée par la prière, et elle annonce la vie éternelle.

L’Évangile est une bonne nouvelle en ce qu’il nous délivre de la mort éternelle et nous donne la liberté par rapport aux multiples esclavages de cette vie présente. En acceptant de « perdre », le disciple du Christ gagne une qualité d’existence qui est remarquée, voire enviée (Romains 12.2 ; Luc 17.33 ; Matthieu 5.14-16).

Porteuse de convictions fortes qu’elle entend exprimer clairement dans la société sans les imposer, l’EPUdF n’a cependant pas la prétention de posséder la vérité (Ecclésiaste 5.2) ; celle-ci est un chemin de vie et elle réside tout entière dans la personne de Jésus-Christ : Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi. (Jean 14.6).

Conscient d’avoir trouvé un trésor, le chrétien ne le garde pas pour lui seul. Le témoignage de sa foi peut prendre des formes individuelles ou collectives, y compris par l’évangélisation, l’action missionnaire, la lutte contre les injustices. Cela se fait sans timidité, mais surtout sans mépris ni esprit de contrainte. L’annonce de l’Évangile ne suffira pas à sauver le monde mais prépare le retour du Christ qui reviendra pour établir son Royaume et faire enfin régner sa justice.

Philippe Malidor