Kelo Mad à Pontivy-Bretagne

Nous sommes arrivés à Pontivy en 2016 et même si le projet avait était conçu comme projet d’évangélisation nous trouvions logique qu’un local commun/une communauté locale soit le fruit de ce qui Dieu fera ici. En revanche nous voulions que cela soit aussi un laboratoire pour l’Église à la fois dans la manière dont nous partageons Jésus avec les autres et aussi dans la manière dont la communauté vit. Ces réflexions étaient issues de ce que nous avions vécu en tant que pasteur d’une petite Église anglicane et aussi de notre travail dans la région Grand Est de la France avec des équipes Pastorales Missionnaires (EPUdF) dont nous faisions partie.

Ce que je voudrais vous partager, ce n’est pas la façon de procéder lorsqu’on est responsable de ce type de ministère mais simplement mes expériences au cours des sept dernières années.

Avoir une vision claire. Depuis notre arrive à Pontivy nous avions la vision de voir une communauté implantée avec des Francophones qui n’avaient aucun lien avec une Église locale. Nous voulions privilégier une rencontre personnelle avec le Christ à travers les Écritures dans un cadre discret qui faciliterait la discussion et la vie de communauté. Nous nous sommes organisés avec cet objectif en tête. La structure de nos rencontres, la version de la bible que l’on utilise, les plages horaires proposées (nous avons commencé les vendredis) ; tout était façonné pour privilégier une rencontre personnelle avec le Christ. Nous avons refusé certaines demandes comme « faire une Église plus classique ou des cultes classiques une fois par mois ». D’un côté, ces propositions n’étaient pas mauvaises mais pour le contexte dans lequel nous travaillions et le public avec lequel nous travaillions, ces demandes représentaient une certaine vision de l’Église plutôt adaptée au langage et à la culture pour les gens déjà initiés.

Le soutien d’une équipe

Dès le début, nous avons été soutenus par une équipe. Comme il s’agissait d’un projet pionnier et que l’équipe était composée de moi-même, ma femme et mes enfants, la Région Ouest a mis en place un comité de pilotage pour marcher à nos côtés. De plus, les pasteurs de notre consistoire sont venus à nos côtés et ont fourni leur soutien, des Églises de notre consistoire ont soutenu le projet. Nous avons eu la liberté d’expérimenter et de définir l’orientation du projet. Ce type de soutien est indispensable pour un projet missionnaire et parfois ce n’est pas évident pour l’institution. Cet accompagnement nous est accordé au niveau national, régional et consistorial et nous sommes très reconnaissants.

Simple et reproductible

Les choses simples grandissent. La structure de l’Église peut être épuisante à entretenir et aussi à reproduire. En tant que jeune pasteur en Floride et également pasteur missionnaire dans l’Est de la France, j’ai pu constater de mes yeux à quel point une structure trop complexe est à la fois difficile à maintenir et difficile à reproduire. Nous avons envisagé une communauté autour de la prière, les paroles de Jésus, la communion fraternelle et un repas partagé qui était simple à gérer et qui n’était pas épuisant pour ceux et celles qui l’animaient. Pour commencer, nous avons mis en place une découverte de la bible avec des questions interactives autour de la vie de Jésus et la prière autour d’un café ou d’un apéro. C’était à la base une pré-Église et après 4 itérations pendant 4 ans nous avons adapté le contenu et rajouté des éléments comme des chansons mais à la base cela reste un format assez simple, convivial et reproductible. Une structure simple et reproductible nous permet aussi d’impliquer d’autres partenaires de nos communautés dans la vie de l’Église.

Il faut s’investir

Les Hébreux ont demandé à Pharaon comment ils étaient censés fabriquer des briques sans paille ? C’est une bonne question, mais la meilleure question serait de savoir comment atteindre ceux qui ne connaissent pas Jésus si vous n’avez pas de contact avec eux. En réalité, vous ne pouvez pas. Au début, nous avons décidé de prendre autant de repas, d’avoir autant de conversations et de rejoindre autant d’associations que possible afin de pouvoir rencontrer le plus de personnes possible. Il était nécessaire de nous investir dans la vie des autres et d’organiser notre vie autour des autres et non autour de nous. Il ne s’agissait pas de faire pression ou de convertir, mais d’aimer ; de servir et de partager la vie, la nôtre et celle de Jésus. L’un des principaux obstacles aux missions et à l’implantation d’Églises est que nous voulons souvent investir dans la structure, mais nous oublions les gens. Les gens sont dangereux ! Nous pouvons être confrontés au rejet et à la déception, à une perte de temps et d’énergie, mais si nous ne sommes pas disposés à vivre pour Jésus et les autres, nous ne pourrons pas les aimer et parler dans leur âme.

Il faut comprendre que c’est Dieu qui est à l’œuvre. Il nous a tous appelés à la moisson, à être chrétiens pour ceux qui ne le sont pas et, en fin de compte, c’est Dieu qui fait croître les choses. Nous sommes chacun uniques avec des charismes différents et Dieu les utilise pour que l’on puisse être ses mains et ses pieds. Que Dieu nous bénisse et nous garde tous afin que nous puissions être utilisés pour accomplir sa volonté.

Matt Riley, missionnaire