Du 27 octobre au 2 novembre, chaque jour une méditation et un thème de prière partagé, à l’occasion de la fête de la Réformation.
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Dimanche 2 novembre – Septième jour
Lettre à l’Église de Laodicée
14A l’ange de l’Église qui est à Laodicée, écris : Ainsi parle l’Amen, le Témoin fidèle et véritable, le Principe de la création de Dieu : 15Je sais tes œuvres : tu n’es ni froid ni bouillant. Que n’es-tu froid ou bouillant ! 16Mais parce que tu es tiède, et non froid ou bouillant, je vais te vomir de ma bouche. 17Parce que tu dis : je suis riche, je me suis enrichi, je n’ai besoin de rien, et que tu ne sais pas que tu es misérable, pitoyable, pauvre, aveugle et nu, 18je te conseille d’acheter chez moi de l’or purifié au feu pour t’enrichir, et des vêtements blancs pour te couvrir et que ne paraisse pas la honte de ta nudité, et un collyre pour oindre tes yeux et recouvrer la vue. 19Moi, tous ceux que j’aime, je les reprends et les corrige. Sois donc fervent et repens-toi ! 20Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai la cène avec lui et lui avec moi. 21Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône, comme moi aussi j’ai remporté la victoire et suis allé siéger avec mon Père sur son trône. 22Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises.
Le texte d’Apocalypse 3 est tiré de la traduction de la TOB.
Que n’es-tu froid ou bouillant ! Cette dernière lettre comporte sans doute les accusations les plus terribles qui aient été portées aux 7 Églises ! Mais indépendamment de la frayeur que la lecture de cette lettre peut susciter, on peut trouver bien des surprises, toujours valables pour nos assemblées aujourd’hui. La première est que Dieu ne demande pas une Église forcément bouillante. Elle peut être froide, pourvu qu’elle ne soit pas tiède, c’est-à-dire prête à des compromissions qui lui feraient perdre l’attachement exclusif qu’elle doit au Seigneur. Peut-être sommes appelés à réviser nos images de l’Église parfaite : Est-il certain qu’une Église bouillante est une Église super active ? Et une Église froide une Église où tout le monde s’enquiquine ? Qu’est-ce que cela pourrait être d’autre ?
Tu ne sais pas que tu es misérable, pitoyable, pauvre, aveugle et nu. Une deuxième surprise tient au fait que nos critères de valeurs ne sont pas nécessairement ceux que le Seigneur utilise. Quelle terrible désillusion cela a dû être pour cette communauté de s’entendre dire combien elle était fragile alors qu’elle se croyait pleine d’assurance ! Ce n’est ni à la croissance numérique, ni à l’attachement à telle ou telle tradition liturgique, ni à l’engagement dans telle ou telle militance de notre monde que l’on reconnaît la fidélité d’une Église à son Seigneur. Mais dans son retour régulier à lui, par la repentance et la conversion.
Prière
Seigneur, nous avons l’habitude de prononcer ces paroles dans nos liturgies de sainte Cène : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai la cène avec lui et lui avec moi. » Aide-nous à ne jamais oublier le contexte tragique dans lequel tu les as adressées à l’Église de Laodicée et ainsi à ne pas nous endormir sur l’oreiller du contentement de soi. Viens nous révéler notre aveuglement, notre pauvreté, notre misère et notre nudité et viens nous en guérir, pour ta seule gloire ! Amen.
M.B.
Samedi 1er novembre – Sixième jour
Lettre à l’Église de Philadelphie
7A l’ange de l’Église qui est à Philadelphie, écris : Ainsi parle le Saint, le Véritable, qui tient la clé de David, qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul ne peut ouvrir : 8Je sais tes œuvres. Voici, j’ai placé devant toi une porte ouverte que nul ne peut fermer. Tu n’as que peu de force, et pourtant tu as gardé ma parole et tu n’as pas renié mon nom. 9Voici, je te donne des gens de la synagogue de Satan, de ceux qui se disent juifs, mais ne le sont pas, car ils mentent. Voici, je les ferai venir se prosterner à tes pieds, et ils reconnaîtront que je t’ai aimé. 10Parce que tu as gardé ma parole avec persévérance, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve, qui va venir sur l’humanité entière, et mettre à l’épreuve les habitants de la terre. 11Je viens bientôt. Tiens ferme ce que tu as, pour que nul ne te prenne ta couronne. 12Le vainqueur, j’en ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, il n’en sortira jamais plus, et j’inscrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, la Jérusalem nouvelle qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau. 13Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises.
Le texte d’Apocalypse 3 est tiré de la traduction de la TOB.
J’ai placé devant toi une porte ouverte que nul ne peut fermer.
Voici une des deux seules Églises auxquelles Jésus s’adressent sans lui demander de se repentir. De quoi s’agit-il ? Aurait-on trouvé à Philadelphie la formule pour plaire à Dieu ? Serait-on là-bas plus fort que partout ailleurs, capable de lutter victorieusement contre l’assemblée de l’Adversaire ? Y avait-il à Philadelphie une sorte de saints plus parfaits et méritants, si bien que le Seigneur les a comblés d’honneur et de grâce ? Ces images exaltantes ne doivent pas faire oublier une réalité première, dont toute Église doit garder la conscience vive. L’assemblée des enfants de Dieu en Jésus-Christ est un groupe fragile, pauvre, sans forces autres que celles que son Seigneur lui donne et qu’il lui donne à mesure qu’elle reconnaît et confesse sa faiblesse propre ! Cette porte ouverte que nul ne peut fermer dit aussi bien un ouverture positive qu’une vulnérabilité à toute intrusion.
Je te garderai de l’heure de l’épreuve. L’épreuve viendra sur l’Église. Sans doute est-elle déjà à l’œuvre. Au-delà de toute fierté dans ses propres réserves, c’est à la confiance en Dieu et à la persévérance malgré les faux-semblants que l’Église est appelée. Sa couronne peut sembler de peu de valeur aux yeux du monde, qu’importe ! C’est devant son Seigneur qu’elle doit être trouvée juste.
Prière
Garde nous fidèle, Seigneur Jésus, au-delà des apparences auxquelles le monde accorde du crédit. Par ton Esprit, donne-nous de persévérer malgré les obstacles et l’hostilité de celles et ceux qui refusent que tu sois tel que tu es et pas tel qu’ils le souhaitent. Nous sommes pauvres et démunis, mais nous savons que ton amour nous est acquis. Puissions-nous en vivre jusqu’à ton retour et nous épanouir en lui à ta venue. Amen.
M.B.
Vendredi 31 octobre – Cinquième jour
Lettre à l’Église de Sardes
1A l’ange de l’Église qui est à Sardes, écris : Ainsi parle celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles : Je sais tes œuvres : tu as renom de vivre, mais tu es mort ! 2Sois vigilant ! Affermis le reste qui est près de mourir, car je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites aux yeux de mon Dieu. 3Souviens-toi donc de ce que tu as reçu et entendu. Garde-le et repens-toi ! Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, sans que tu saches à quelle heure je viendrai te surprendre. 4Cependant, à Sardes, tu as quelques personnes qui n’ont pas souillé leurs vêtements. Elles m’accompagneront, vêtues de blanc, car elles en sont dignes. 5Ainsi le vainqueur portera-t-il des vêtements blancs ; je n’effacerai pas son nom du livre de vie, et j’en répondrai devant mon Père et devant ses anges. 6Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises.
Le texte d’Apocalypse 3 est tiré de la traduction de la TOB.
Je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites aux yeux de mon Dieu…
Comme il peut paraître dur, ce Christ disposant de la plaine sagesse de Dieu. A une Église exsangue, sur le point de mourir, le voilà qui adresse un cinglant appel à la repentance, à la perfection des œuvres ! De quelles forces une telle Église peut-elle donc disposer pour accomplir cette tâche et être ainsi trouvée parfaite aux yeux de Dieu ? Aucune, qu’elle pourrait trouver en son fond propre. Car il ne s’agit pas pour l’Église de durer pour elle-même, comme si elle avait sa fin en elle-même. L’Église est l’assemblée d’hommes et de femmes qui ont reçu et entendu une parole dont l’actualité, la nouveauté et la pertinence sont de tous lEs temps et pour tous les lieux.
Le Seigneur ne regarde pas aux apparences. Ce n’est pas dans une conformité aux normes du monde que l’Église trouve sa vie véritable, mais dans la fidélité à la parole de son Seigneur. Les vêtements blancs ne désignent pas un ensemble d’œuvres méritoires en échange desquelles Dieu se verrait obligé d’accorder une récompense de type marchand, mais plutôt un ensemble de comportements conséquents avec la force de l’Evangile. C’est à une vie nouvelle que le Seigneur appelle chacun d’entre nous.
Prière
Seigneur notre Dieu, ne nous laisse pas penser que nous sommes les propriétaires de ton Église et de son message. Garde nous vigilants et confiants. Ainsi, ton retour ne sera pas à notre honte, mais nous pourrons aller à ta rencontre, dans l’assurance que ta justice nous couvre comme un nouveau vêtement et que nous ne serons pas trouvés nus devant le Père. Amen.
M.B.
Jeudi 30 octobre – Quatrième jour
Lettre à l’Église de Thyatire
18A l’ange de l’Église qui est à Thyatire, écris : Ainsi parle le Fils de Dieu, celui dont les yeux sont comme une flamme ardente et les pieds semblables à du bronze précieux : 19Je sais tes œuvres, ton amour, ta foi, ton service et ta persévérance ; tes dernières œuvres dépassent en nombre les premières.
20Mais j’ai contre toi que tu tolères Jézabel, cette femme qui se dit prophétesse et qui égare mes serviteurs, leur enseignant à se prostituer et à manger des viandes sacrifiées aux idoles.
21Je lui ai laissé du temps pour se repentir, mais elle ne veut pas se repentir de sa prostitution.
22Voici, je la jette sur un lit d’amère détresse, ainsi que ses compagnons d’adultère, à moins qu’ils ne se repentent de ses œuvres.
23Ses enfants, je les frapperai de mort ; et toutes les Églises sauront que je suis celui qui scrute les reins et les cœurs, et à chacun de vous je rendrai selon ses œuvres.
24Mais je vous le déclare à vous qui, à Thyatire, restez sans partager cette doctrine et sans avoir sondé leurs prétendues « profondeurs » de Satan, je ne vous impose pas d’autre fardeau.
25Seulement, ce que vous possédez, tenez-le ferme jusqu’à ce que je vienne.
26Le vainqueur, celui qui garde jusqu’à la fin mes œuvres, je lui donnerai pouvoir sur les nations, 27et il les mènera paître avec une verge de fer, comme on brise les vases d’argile, 28de même que moi aussi j’en ai reçu pouvoir de mon Père, et je lui donnerai l’étoile du matin.
29Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises.
Le texte d’Apocalypse 2 est tiré de la traduction de la TOB.
J’ai contre toi que tu tolères Jézabel…
La lecture du texte biblique, illuminée par le Saint Esprit peut nous faire entendre la Parole que Dieu veut nous adresser. Cette écoute est de la même nature qu’une contemplation sans complaisance de notre reflet dans un miroir. Les détails de notre visage, ses qualités et ses défauts, nous sont présentés sans détours, qu’ils soient flatteurs ou accablants. Au contraire de l’adversaire, Dieu nous dit la vérité, sur nous-mêmes comme sur notre Église ou encore sur le monde. Mais au-delà d’une sorte de diagnostic médical froid et distancé, la parole que Jésus adresse aux Églises dans ces chapitres de l’Apocalypse témoigne d’une relation bien plus forte que le Seigneur entretien avec chaque communauté.
Un amour exigeant. Il s’agit de l’amour le plus profond et le plus exigent qui puisse être vécu, comme il s’est déjà exprimé dans les admonestations à l’Église d’Éphèse, par exemple. Si Jésus dit qu’il a quelque chose contre un Église, ce n’est pas pour l’enfermer dans une cage de culpabilité. Il s’agit de lui exprimer sa souffrance de voir son épouse si loin de lui. On dit parfois que le contraire de l’amour est la haine ou la colère. Peut-être s’agit-il plutôt de l’indifférence, qui laisse l’être soi-disant aimé faite tout ce qu’il veut, même se faire souffrir ou faire souffrir l’autre, dans une démission qui s’habille de bienveillance.
Tout n’est pas équivalent. Certains comportements, comme certains enseignements visant à les justifier au nom de l’Evangile, sont en réalité contraires au projet que Dieu a formulé pour l’humanité et sur lequel il n’est jamais revenu et ne reviendra pas. Il est très difficile de suivre le chemin de la discipline d’Église dans l’amour. Mais il est encore plus désastreux de se détourner de ce chemin au nom d’une réduction de l’amour de Dieu à la validation des choix humains.
Prière
Ô Père, aide-nous à toujours nous rapprocher de toi, par la connaissance de ton projet pour nous et à demeurer fidèles à ce projet. Nous reconnaissons que nous pouvons avoir tendance à nous rendre trop facilement propriétaires de ta Parole pour l’utiliser comme justification de nos choix et de nos convictions, sans plus nous laisser guider et changer par elle. Que la fermeté à laquelle tu nous appelles soit toujours irriguée par ton amour. Aide-nous à être prêts à souffrir plutôt qu’à faire souffrir. A l’image de ton Fils, qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit. Amen.
M.B.
Mercredi 29 octobre – Troisième jour
Lettre à l’Église de Pergame
12A l’ange de l’Église qui est à Pergame, écris : Ainsi parle celui qui a le glaive acéré à deux tranchants :
13Je sais où tu demeures : c’est là qu’est le trône de Satan. Mais tu restes attaché à mon nom et tu n’as pas renié ma foi, même aux jours d’Antipas, mon témoin fidèle, qui fut mis à mort chez vous, là où Satan demeure.
14Mais j’ai quelque reproche à te faire : il en est chez toi qui s’attachent à la doctrine de ce Balaam qui conseillait à Balaq de tendre un piège aux fils d’Israël pour les pousser à manger des viandes sacrifiées aux idoles et à se prostituer.
15Chez toi aussi, il en est qui s’attachent de même à la doctrine des Nicolaïtes.
16Repens-toi donc. Sinon je viens à toi bientôt, et je les combattrai avec le glaive de ma bouche.
17Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises. Au vainqueur je donnerai de la manne cachée, je lui donnerai une pierre blanche, et, gravé sur la pierre, un nom nouveau que personne ne connaît sinon qui le reçoit.
Le texte d’Apocalypse 2 est tiré de la traduction de la TOB.
Parole et nourriture pour un nom nouveau
Je sais où tu demeures. Où habitons-nous ? Quel est notre lieu d’appartenance, de repos, là où nous partageons le repas, là où nous échangeons ? Cette lettre construit un lien très clair entre le fait de demeurer en Christ, thème si fort, si cher à l’évangile de Jean, que l’on trouve déjà dans le psaume 23, et celui de vivre en Église. Ma foi personnelle me place en communion avec celles et ceux que le Seigneur me donne. Et cette communion, le Seigneur la construit sur trois dons : la Parole, entendue et reçue dans mon cœur, parole qui ne cesse d’édifier et de construire également la communauté et qui nous permet de ne pas donner confiance à des discours trompeurs ; la Cène, nourriture pour traverser les déserts et force donnée pour affronter l’Adversaire ; le nom nouveau que nous sommes invités à recevoir sur nos vies par grâce, par amour du Seigneur, et attesté déjà par notre baptême.
La Parole provenant de la bouche même de Dieu est ici représentée par un glaive, arme offensive autant que défensive (12 et 16). L’Église de Pergame n’est pas encouragée par Jésus à utiliser ce glaive pour exclure, punir ou blesser. Ce glaive appartient au Seigneur et à Lui seul, c’est Lui qui, par sa Parole, ne cesse d’avertir en même temps qu’Il sépare et fait ainsi sortir de la confusion. Où habitons-nous : au lieu de la confusion ? Ou au lieu de la lumière ? Nous plaçons-nous résolument dans la voie de l’amour à Dieu et au prochain, ou préférons-nous l’entre-deux, la frilosité, le repli dans l’indifférence et l’alignement sur les discours ambiants, que Balaam incarne ?
La manne est cachée : la cène partagée en Église vient lever le voile sur la communion profonde de Jésus avec les siens. Elle est cachée : elle contient tellement de force, de joie discrète, d’assurance d’une Présence fidèle et remplie de compassion à nos côtés, que nous n’en cueillons jamais la totalité des fruits et des bénédictions. Elle est cachée, parce qu’elle laisse apercevoir l’avenir : Il vient ! Et notre espérance s’en trouve fortifiée. Où habitons-nous : au lieu de l’abondance matérielle, intellectuelle, technique ? Ou bien nous plaçons- nous résolument dans la voie de la dépendance à Dieu, qui donne force pour traverser nos déserts ?
Le nom nouveau est la dernière et si belle promesse de cette lettre. Les hommes de Babel voulaient se faire un nom. L’Église, par ses constructions théologiques et spirituelles, institutionnelles et matérielles, ne cède-t-elle pas si souvent à la tentation de se faire également un nom ? Dans la promesse de Jésus à Pergame, il est question d’accueillir un nom nouveau : reçu et non pas dérobé par force ; personnel et non pas indifférencié ; accueilli au plus profond de soi et non pas passé aux oubliettes. Et nouveau, parce que c’est le Christ seul qui le murmure avec amour au plus profond de chacune et chacun.
Prière
Seigneur Père, Fils et Esprit saint, sois loué pour tous les dons que Ton Église reçoit chaque jour de Toi. Pardonne-lui de ne pas les recevoir comme autant d’encouragements, de promesses, que Tu lui adresses, et de s’échiner à se faire un nom par elle-même, à penser que ses décisions, ses constructions intellectuelles, ses traditions lui apportent une sécurité, une existence aux yeux du monde, bref un nom. Fais-nous ensemble entrer dans un chemin de retour sur nous-mêmes, un chemin de repentance, pour recevoir de Toi la fraicheur d’une Parole neuve, d’une source vive, d’une existence enfin trouvée en Toi. Amen.
P.A.
Mardi 28 octobre – Deuxième jour
Lettre à l’Église de Smyrne
8A l’ange de l’Église qui est à Smyrne, écris : Ainsi parle le Premier et le Dernier, celui qui fut mort, mais qui est revenu à la vie :
9Je sais ton épreuve et ta pauvreté – mais tu es riche –, et les calomnies de ceux qui se prétendent juifs ; ils ne le sont pas : c’est une « synagogue de Satan ».
10Ne crains pas ce qu’il te faudra souffrir. Voici, le diable va jeter des vôtres en prison pour vous tenter, et vous aurez dix jours d’épreuve. Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie.
11Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises.Le vainqueur ne souffrira nullement de la seconde mort.
Le texte d’Apocalypse 2 est tiré de la traduction de la TOB.
Épreuve, souffrance, fidélité…
Le projet de vie d’Église de la paroisse de Smyrne n’a rien d’alléchant ni de très porteur ! Je ne sais pas quel ministre serait prêt à y devenir pasteur avec un tel programme.
Le mot épreuve utilisé ici évoque d’abord en grec le resserrement, ce qui oppresse, comprime, maintient dans l’étroitesse d’un espace réduit. Si la mise au large s’avère impossible en raison des difficultés rencontrées par l’Église de Smyrne, les chrétiens peuvent retrouver leur souffle, garder un regard qui voit plus loin que l’aujourd’hui, et ceci, en tournant leurs yeux dans trois directions :
– Première direction : vers le Premier et le Dernier, le Crucifié Ressuscité. Il est rappelé à la paroisse de Smyrne le B.A. BA de la foi, ce sur quoi tout service, toute liturgie, toute diaconie, toute mission, toute prédication, toute vie spirituelle reposent : le Christ mort et ressuscité. Ici, foin d’argutie théologique, d’empoignade sur le sens à donner à cet événement fondateur. Si ce fondement est ébranlé, le risque est grand que l’épreuve ne puisse être traversée et surmontée.
– Deuxième direction : vers ce que Dieu a déposé en eux. Tu es pauvre mais tu es riche. Il est de bon ton de magnifier la petitesse, de faire avec l’éloignement et le désintérêt croissants de bien des gens à l’égard de nos paroisses. On se console en se disant que c’est dans l’air du temps et que nous sommes bien peu de choses. Mais le regard de Dieu posé sur notre Église : tu te penses pauvre, tu te crois pauvre mais tu es riche, est tout autre ! Il valide que nous sommes pauvres, certes, et l’Église de Smyrne est persécutée, étranglée. Mais sans nous complaire dans cette pauvreté, nous avons à découvrir toutes les richesses qui sont en nous. Ces talents que Dieu a déposés au fond de nous et que nous ne savons pas mettre en valeur.
– Troisième direction : vers la promesse d’une vie éternelle déjà commencée. Par deux fois, il est question de Satan, du diable. Il y a une adversité extérieure à nous, un Adversaire dont nous oublions ou ignorons l’action dévastatrice qui consiste à ruiner, écarteler, diviser l’Église et nos vies. Mais il est déjà vaincu. Celui qui a été mort et qui est vivant a, avant nous, traverser l’abîme de la tentation du pouvoir, l’abîme du non-sens, pour nous permettre par Lui d’en réchapper !
Prière
Ô Christ, mort et ressuscité, fais-moi, avec Toi, passer au-dessus de l’abîme de mon infidélité, de mes trahisons, de mes peurs pour recevoir de Toi la validation de ma vie, la couronne, qui me rappellera que je suis à Toi. Pardonne à notre Église de s’enliser si souvent dans des débats où elle perd de vue que Tu es, que Tu étais, que Tu viens, que Tu es le Vivant. Pardonne-lui d’oublier qu’elle est le dépôt de Tes trésors d’amour, de foi, d’espérance, et qu’au lieu de les partager et d’en témoigner, elle ne propose au monde que ses haillons, sa paralysie et son indignité. Ô Christ, Toi seul Tu peux la revêtir du manteau de Ta fidélité, de Ta force, de Ta protection. Amen.
P.A.
Lundi 27 octobre – Premier jour
Lettre à l’Église d’Éphèse
1A l’ange de l’Église qui est à Éphèse, écris : Ainsi parle celui qui tient les sept étoiles dans sa droite, qui marche au milieu des sept chandeliers d’or :
2Je sais tes œuvres, ton labeur et ta persévérance, et que tu ne peux tolérer les méchants. Tuas mis à l’épreuve ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs.
3Tu as de la persévérance : tu as souffert à cause de mon nom et tu n’as pas perdu courage.
4Mais j’ai contre toi que ta ferveur première, tu l’as abandonnée.
5Souviens-toi donc d’où tu es tombé : repens-toi et accomplis les œuvres d’autrefois. Sinon je viens à toi, et, si tu ne te repens, j’ôterai ton chandelier de sa place.
6Mais tu as ceci en ta faveur : comme moi-même, tu as en horreur les œuvres des Nicolaïtes.
7Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises. Au vainqueur, je donnerai à manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu.
Le texte d’Apocalypse 2 est tiré de la traduction de la TOB.
Je viens à toi, j’ôterai le porte-lampe…
Dans l’Apocalypse, par trois fois, Dieu est acclamé comme Celui qui est, qui était, et qui vient (1,4 ; 1,8 ; 4,8). Qui vient : on se serait attendu à un plus logique et qui sera. Mais l’annonce évangélique ne place jamais Dieu dans une posture statique. Dans plusieurs paraboles de Jésus, il est Celui qui part et qui rentre de voyage, Celui qui n’est contenu ou enfermé ni dans un lieu, ni dans une idée, ni dans une institution. Dire de Dieu qu’Il vient, c’est dire qu’Il nous invite à vivre l’inattendu, à entrer dans une attente active, à réviser nos schémas bien construits, à vibrer à l’écoute de Sa Parole vivante.
Tu as abandonné ton amour premier. Voilà le drame de la communauté : ne pas être en capacité de durer dans l’amour. Le temps utilisé, l’aoriste, exprime une action accomplie, constatée. C’est fait : l’abandon est là. Y aura-t-il une nouvelle opportunité, une occasion redonnée pour redécouvrir toute la force de cet amour premier ? L’amour premier, ce n’est pas seulement l’amour que l’Église porte à son Seigneur, c’est aussi l’amour que lui, Jésus, lui porte et qui est oublié du partenaire négligent, volage, inconstant que nous sommes. Retrouver la force d’un amour dont les liens se sont distendus ne sera possible qu’avec la prise de conscience vive de Sa proximité toujours active, et de Son désir à Lui d’être et de demeurer pour nous ce fruit de l’arbre de vie, cette source de vie éternelle qui déborde de Lui jusqu’à nous, de l’éternité où Il se trouve jusqu’à notre aujourd’hui.
Nous pouvons entendre Je viens à toi comme une menace, comme un jugement, mais aussi comme une promesse de proximité, une consolation, comme une réparation offerte à nouveau. Sans cette proximité avec Jésus, notre lumière risque de s’éteindre, notre sel perdre sa saveur et tout ce que nous pouvons apporter à ce monde se diluer dans l’insignifiance.
Prière
Ô Christ, nous te célébrons comme Celui qui vient, comme Celui qui nourrit notre espérance. Devant les dons reçus de Ta main, pardonne notre indifférence, nos habitudes tièdes qui nous tiennent lieu de fidélité, nos certitudes qui nous dispensent de la foi. Envoie sur nous Ton Souffle, qu’Il dissipe nos faux-semblants, nous écarte de toute compromission et nous donne le courage de marcher humblement à Ta suite. Qu’Il suscite notre écoute pour que nous apportions, tant dans notre vie personnelle que communautaire, les changements que patiemment Tu attends. Amen.
P.A.
Pour entrer dans la méditation
Dans un article du journal protestant Réforme, le pasteur Antoine NOUIS évoque le sondage mené par l’Ifop sur les protestants de France métropolitaine en soulignant un point qui peut nous inquiéter : la baisse importante du nombre de luthéro-réformés, soit 130 000 personnes en quatorze ans. Devant ce constat alarmant, il appelle à une réaction passant par une remise à plat : « l’organisation de l’Église, sa structure financière, son patrimoine immobilier, la formation des pasteurs, l’organisation des paroisses, leur témoignage… » et ouvre un débat pour toutes les suggestions qui pourraient être faites dans ce sens.
Nous nous réjouissons d’un tel appel et nous nous efforçons, par ces lignes, de contribuer à cette réflexion. Il nous renvoie à une question soulevée régulièrement : qui sont les luthéro-réformés ? Les protestants se reconnaissant avant tout dans l’héritage des Réformateurs LUTHER, ZWINGLI et CALVIN, pour ne citer que les plus anciens ? En ce cas, cet appel concerne plusieurs unions d’Églises dans notre pays, dont l’UNEPREF (Union Nationale des Églises protestantes réformées évangéliques de France, née en 1938), ou l’UEEL (Union des Églises évangéliques libres de France, née en 1849) et bien évidemment l’UEPAL (Union des Églises Protestantes d’Alsace-Lorraine).
Il semble pourtant que l’article du pasteur Nouis pense en priorité à l’EPUdF.
Il y a lieu de nous interroger : cet appel doit-il mener à un sursaut pour sauver une institution, ou bien servir à un réveil pour ranimer une Église en train de s’endormir du sommeil de la mort ?
Nous optons pour la deuxième proposition. Si remise à plat il doit y avoir, c’est au niveau spirituel et convictionnel que tout doit être repris. Faute de quoi, on cherchera seulement à redonner des couleurs aux fruits d’un arbre déraciné. Voulons-nous un simple retour en arrière, à une liturgie, à des chants, et à une composition d’Église comme il y a vingt, quarante ou cinquante ans ? Nous risquons alors de faire de notre Église un musée, un conservatoire d’un passé en grande partie imaginaire et pas du tout représentatif d’une identité objective. Ou bien voulons-nous accepter que notre identité la plus profonde ne soit pas une construction obtenue par nos propres efforts mais un don reçu de Dieu, le seul maître de l’Église ? C’est ainsi que nous comprenons notre identité. Il ne s’agit pas de renier quoi que ce soit de la tradition à laquelle nous appartenons. Mais il s’agit de comprendre que cet héritage doit demeurer vivant, enraciné dans sa réalité spirituelle et théologique, plus que culturelle et sociologique.
Ainsi, pour bien nous dire luthéro-réformés, nous devons nous comprendre comme disciples du Christ. Car la Réforme a d’abord été un ressaisissement spirituel au nom de la fidélité au Christ. En conséquence, entre les chorals de BACH et les quatre-vingt-quinze thèses de Martin LUTHER, nous choisissons ces dernières. Mais entre ces thèses et les Béatitudes, nous choisissons les Béatitudes. Nous ne sommes pas disciples de LUTHER, mais du Christ. Entre l’architecture et la décoration des temples réformés et l’Institution de la Religion Chrétienne de Jean CALVIN, nous choisissons l’Institution. Mais entre cette Institution et le Sermon sur la Montagne, nous choisissons le Sermon sur la Montagne. Nous ne sommes pas disciples de Jean CALVIN, mais du Christ.
Trois textes bibliques nous guident dans notre prise de conscience :
« Ces os pourront-ils revivre ? » demande Dieu au prophète Ézéchiel (37. 3). Seulement par une action de l’Esprit invoqué sur eux, et pas par un réassemblage des structures d’un squelette éparpillé. L’action de l’Esprit de Dieu n’a pas seulement reconstitué une armée défunte, il lui a donné une espérance nouvelle, basée sur une véritable reconnaissance de la souveraineté de Dieu sur son peuple. Ce n’est que par l’Esprit de Dieu que son peuple peut vivre et revivre. L’Esprit, qui se pose sur des cœurs ouverts par la repentance et les guide sur les chemins de la fidélité et de l’obéissance. Ecoutons l’appel du Seigneur pour nous aujourd’hui ! Il mettra son Esprit en nous et nous vivrons ; il nous rétablira et nous reconnaîtrons que lui, L’Eternel, parle et agit encore parmi nous aujourd’hui.
Jeunes Églises encore marquées par la prédication des apôtres de Jésus, affligées par des persécutions qui les conduisent à témoigner, jusqu’à l’extrême, de la mort et de la résurrection du Christ, les sept communautés d’Asie Mineure à qui Jésus s’adresse dans les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse sont pourtant appelées à se repentir.
La proximité historique avec Jésus et les disciples, la jeunesse de leur fondation, le martyre subi par elles, ne les tiennent pas pour autant éloignées de toute infidélité, exemptes de tout manquement, inaccessibles aux remises en question. Un appel puissant à la repentance retentit à travers les lettres aux sept Églises de l’Apocalypse. Et ce que ces Églises sont conduites à entendre, ce n’est pas le courroux d’un Dieu insatisfait de leurs maigres exploits spirituels ou la menace d’un Dieu moralisateur devant leurs divisions ou leur rivalité. Au cœur de cet appel à la repentance, les communautés de l’Apocalypse doivent entendre comme à nouveau l’appel inlassable de Celui qui les aime, qui est suffisamment fou d’amour pour espérer encore et toujours leur retour, de Celui qui les aime assez pour insuffler en elles un vent de fidélité retrouvée.
Et nous ? Il y a bien longtemps que le dernier apôtre est mort, il y a bien longtemps que le protestantisme français ne subit plus de persécution, il y a toute une histoire dont les protestants sont souvent fiers et qui émousse pourtant la ferveur, l’invention, la confiance qui naissent des commencements. Ces sept Églises que nous pouvons admirer par certains aspects nous sont bien éloignées par d’autres, et la vie de nos communautés paraît souvent bien plus fade, bien plus tiède, que la leur ! Et si nous, protestants qui nous reconnaissons dans le courant luthéro-réformé, nous étions appelés à notre tour à faire retour sur nous-mêmes, pour ajuster nos voies à celles de Dieu, nos pensées aux siennes ? Si nous étions appelés à réviser nos constructions administratives, intellectuelles, mentales, spirituelles, pour entrer dans une démarche de confiance, d’écoute, d’ouverture à l’Esprit-Souffle ? Si nous nous laissions bousculer dans notre orgueil, qui prend bien des formes et des incarnations en nous et parmi nous ? Pour nous laisser simplement rejoindre par l’Amour de Dieu, seule source de vie et de renouvellement ? Pour retrouver en nous, dans nos communautés, la soif de la prière, et du face-à-face avec Lui et de l’obéissance à sa Parole ?
C’est la raison pour laquelle nous avons à cœur de vous partager cette conviction que l’avenir de l’Église ne dépend pas de stratégies de survie, de recettes à appliquer, mais d’une part de l’attitude de repentance et d’humiliation devant Dieu de chacune et chacun, et d’autre part, du regard que Dieu posera sur cette démarche.
À celles et ceux qui se sentent appelés à répondre à l’appel de Dieu pour prier pour son Église, nous proposons de vivre un temps de prière orientée vers la repentance. Ce temps nous sera donné pour confesser et reconnaître devant Dieu notre responsabilité collective dans la situation que traverse notre Église.
En relisant Daniel 9, 1-19, nous découvrons que l’appel à la repentance n’est pas l’initiative de personnes qui se positionneraient en surplomb des autres. Daniel, homme juste dans ses actions, se situe en solidarité complète avec le peuple. Cet appel à prier pour l’Église inclut donc aussi pour chacune et chacun de nous la reconnaissance de la part que nous prenons dans la situation actuelle de l’EPUdF.
Ce temps dédié à la prière de repentance devant Dieu sera l’occasion à saisir pour replacer nos assemblées dans une disposition d’obéissance, c’est-à-dire d’écoute pratique de Dieu. C’est à un réveil spirituel, un retour à Dieu, qu’il faut s’ouvrir. Repentance pour l’orgueil intellectuel qui caractérise notre protestantisme, et qui infléchit la formation de nos ministres. Une foi réfléchie et outillée, et ancrée dans la confiance dans l’Écriture et l’écoute du Seigneur, doit être notre marqueur. Repentance pour la faiblesse de notre obéissance à la volonté de Dieu telle qu’exprimée dans le texte biblique face aux enjeux éthiques qui traversent notre société. Repentance pour notre paresse à discerner ce que le Seigneur cherche à dire à nos contemporains et à être témoins auprès d’eux de sa présence…
C’est pourquoi nous appelons à un grand mouvement de prière parmi celles et ceux qui se sentent concernés par cette situation et qui sont persuadés que c’est en se tournant vers le Seigneur que nous pouvons retrouver le chemin de notre témoignage et de notre service.
Que le Seigneur nous guide, pour marcher à sa suite, sur ce chemin de vérité.
Patrick AUBLET, Michel BLOCK,
version complète de l’article publié en juin 2025



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