par Eric Perrier, pasteur missionnaire dans l’EPUdF région Est
L’EPUdF a décidé de se doter d’une nouvelle Déclaration de Foi à la suite de l’Union de l’Eglise Réformée et de l’Eglise Luthérienne. La déclaration proclame la foi de l’Eglise au monde mais elle a aussi pour objectif de constituer le fondement pour l’unité de cette Eglise. Je voudrais par ces quelques mots signaler une ambiguïté et un piège qui se manifesteront rapidement lors de la discussion.
Conscient de l’importance de l’unité ecclésiale, le groupe national de travail sur la déclaration 2017 a été attentif à ce qu’aucune formulation ne puisse être rejetée par un des courants de l’Eglise Protestante. Et de fait, bien des attestants peuvent signer le projet en cours. Il pose problème non tant par ce qu’il dit que par ce qu’il omet. Mais une telle démarche en vient à chercher le plus petit dénominateur commun. Il n’est donc pas surprenant que, lors du Congrès des Attestants, un affaiblissement de la confession de foi ait été relevé.
D’un autre côté, en soumettant le projet à des critiques de fond, les attestants vont selon toute vraisemblance être soupçonnés de remettre en cause l’unité de l’EPUdF.
Il est bon de se rappeler que l’unité se trouve en Christ seul, dans une communion vivante et vraie avec lui. En Jean 17:22-23, Jésus prie : « Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée,… moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaitement un. » C’est en étant uni spirituellement à chacun, que le Christ unit les siens entre eux.
Or cette communion avec le Christ est porté par une confession claire de la foi. A l’Eglise de Rome, Paul écrit : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé… » (Romains 10:9). Quelques versets plus loin Paul conclut : « Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole du Christ. » (10:17).
Il faut donc bien comprendre que l’opposition ne porte pas seulement sur la Déclaration de Foi mais aussi sur la conception que l’on a de l’unité de l’Eglise.
Deux démarches opposées se font jour : pour chercher l’unité, le Conseil national en vient à mettre en avant le plus petit dénominateur commun, ce qui entraîne une perte de substance de la foi.
Mais pour de nombreux attestants, l’unité en Christ repose sur une relation vivante avec le Christ, une relation qui demande de redonner aujourd’hui de la consistance à notre foi, en retrouvant la profondeur du témoignage premier des Ecritures.
Dans le cadre de cette démarche synodale, je veux plaider pour une unité en Christ qui va au-delà d’une unité institutionnelle et qui se fonde sur une foi enracinée dans le témoignage apostolique. L’unité ne peut se faire à n’importe quel prix, au risque d’être une unité de façade qui n’est plus en mesure de porter les fruits de l’Evangile.
Eric Perrier