Dans la première des trois parties de cette contribution au débat du synode national EPUdF sur l’Église et les ministères, nous avons exploré des évolutions de notre société qui ont une influence sur nos Églises :
- Un monde en évolution
- L’accélération du temps.
- Le relativisme des convictions, la remise en cause de l’autorité et la méfiance vis-à-vis des corps intermédiaires
- Des communautés de plus en plus mobiles, identitaires et fragmentées.
- Une société de marchandisation et d’exigence.
- La révolution numérique
Dans cette deuxième partie je vous propose de revenir sur la mission de l’Église.
Des Églises historiques qui s’interrogent
Toutes les Églises historiques s’interrogent sur la prise en compte de ces évolutions et essaient de trouver un chemin d’adaptation et de croissance.
En France, les Églises issues de la Réforme, membres de la FPF et partenaires historiques des pouvoirs publics, sont en déclins d’effectifs. A titre d’exemple la région Parisienne de l’EPUdF a perdu 30% de ses cotisants en 20 ans. Leur moyenne d’âge est particulièrement élevée et le nombre d’enfants en catéchèse ou dans les mouvements de jeunesse associés est tombé à un niveau inquiétant.
Dans le même temps les communautés Evangéliques réunies au sein du CNEF ouvrent une nouvelle Église quasiment tous les 10 jours, chiffre impressionnant même si ces nouvelles Églises ont également un « taux de mortalité » élevé.
Les Églises n’exercent malheureusement pas de leadership intellectuel et médiatique et leur capacité d’influence sociétale se limite généralement à des actions humanitaires sur le terrain au plus près des Églises locales.
Les initiatives récentes de l’EPUdF sur les sujets de société à la mode comme : le mariage homosexuel, l’engagement dans le combat écologique ou la communication inclusive n’ont pas pour autant augmenté son audience et son attractivité.
Certes des expériences locales innovantes portent des fruits prometteurs mais peinent à trouver un modèle de réplication au niveau régional ou national.
La mission de l’Eglise
Dans ce contexte la nature et le périmètre de l’Église ainsi que son rôle et la nature de sa mission ont besoin d’être réaffirmés avant de pouvoir identifier les pistes d’évolutions pour elle et pour les ministères.
Répondre à ces questions n’est pas simple. Il faut trouver son chemin dans les Écritures et construire à partir de textes divers une vision consolidée.
Tout d’abord de quelle Église parle-t-on? L’Église Universelle, les Églises locales, les unions d’Églises (EPUdF).
J’imagine que dans le contexte de notre débat Synodal l’accent est mis sur les Églises locales et notre union mais bien entendu ces différents niveaux s’entremêlent et se nourrissent.
Je voudrais esquisser une ébauche de réponse toute personnelle à ces questions.
En premier lieu, l’Église c’est là où Jésus est annoncé. C’est Lui qui en occupe la place centrale, tout s’organise: pour, avec et autour de Lui sous l’action du Saint Esprit.
L’histoire et les passions humaines ont fragmenté l’Eglise Universelle en un grand nombre de dénominations qui s’expriment localement dans les paroisses. Mais nous savons que seule cette Église qui rassemble tous les croyants dans l’espace et le temps peut dire la totalité de la richesse de l’amour de Dieu et de son plan de salut pour l’humanité.
Comment caractériser la mission de cette Église qui se déploie dans nos paroisses EPUdF. Elle ne se construit pas au fil de l’eau en fonction de l’intérêt de ses membres ou du contexte environnant. Ces paramètres jouent bien entendu sur les modes d’actions de l’Église, mais pas sur sa raison d’être qui est extérieure à elle et lui vient du Christ Lui-même depuis les temps apostoliques.
Suivant les courants on a coutume d’identifier généralement 4 ou 5 missions essentielles de l’Église :
• La constitution de la communauté et la communion (koinonia).
• Le culte rendu à Dieu (leiturgia)
• La proclamation de l’Évangile (kéryma)
• Le témoignage aux fins d’édification ou d’évangélisation (didaché, koiné ou marturia),
• Le service (diakonia).
Le dossier Synodal entrouvre la porte à une nouvelle mission de l’Église: la bénédiction. Celle-ci ne figure pas historiquement dans les missions de l’Église. Par ailleurs nombreux ont encore en mémoire la douloureuse expérience d’une récente réflexion synodale sur la bénédiction qui a été détournée au service d’un objectif très particulier. Il ne me semble pas pertinent de prétendre inventer par nous même une nouvelle mission à l’Église, nous n’en avons pas le pouvoir.
L’Église c’est ainsi:
• Louer Dieu en assemblée selon des modalités qui nous permettent de nous exprimer pleinement et librement. Avec des paroles, des chants et des gestes en phase avec ce que nous sommes au quotidien.
• Tenter de conserver l’authenticité et la puissance de la parole de Dieu, telle qu’elle se révèle dans les Écritures
• Annoncer l’Évangile de façon audible et compréhensible au-delà des murs de nos temples.
• Accompagner chacun dans son épanouissement spirituel pour devenir au-delà d’un membre d’Église un témoin de l’Évangile et un disciple du Christ.
• Prier en tout temps, en tout lieu et pour tous.
• Accueillir, discerner, former, exercer et accompagner les ministères.
• Manifester l’amour du Seigneur en servant le prochain, soulager les souffrances de toutes natures.
• Partager les sacrements
• Exercer l’autorité confiée à l’Église pour libérer les captifs et apporter aux malades la guérison.
Dans la dernière partie ce cette contribution je vous proposerai des pistes d’évolution pour notre Église.
Que Dieu nous soit en aide.
René Lo Negro
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