A propos d’une Liturgie commune

Au moins trois raisons pour lesquelles nous n’utiliserons pas la nouvelle Liturgie commune de l’EPUdF.
Lors des Synodes Régionaux de novembre, les délégués ont découvert une nouvelle « Liturgie commune ».
Jusqu’à ce jour l’EPUdF ne possédait pas de liturgie de référence, cette nouvelle liturgie est le résultat d’un travail commencé en 2019 par une commission mandatée par le Conseil National de notre union.
Même si cette nouvelle liturgie n’a pas pour but de se substituer aux liturgies actuellement en vigueur, ou à s’imposer aux liturges dans les paroisses elle a vocation à établir de fait une référence pour le déroulement du culte dans notre union.
Nonobstant sa diffusion massive, elle est présentée comme « expérimentale » et doit dans deux ou trois ans, après discussion lors des synodes régionaux, être adoptée dans sa version définitive par le Synode National.
Toute liturgie pose des options théologiques et nous vous laissons la découvrir et vous faire votre propre opinion. Vous pouvez dès à présent faire part de vos remarques aux membres de la commission à l’adresse suivante : commission.liturgie@epudf.org et nous vous encourageons fraternellement à le faire.

A titre personnel nous n’utiliserons pas cette liturgie pour au moins trois raisons principales.

  1. La disparition de la Loi/Volonté de Dieu
    Ces dernières années le débat dans le monde réformé était sur la place de la Loi/Volonté de Dieu dans la liturgie : avant la prière de repentance ou après l’annonce du pardon. Ces deux options mettant la priorité sur l’une des deux dimensions différentes mais complémentaires de la Loi.
    La dimension pédagogique : ayant entendu la volonté de Dieu, le croyant ne peut que reconnaître son péché et son incapacité à la suivre avec ses propres forces.
    La dimension éthique : le pardon reçu de Dieu est une force de transformation qui met en marche le croyant pour répondre à l’appel de Sa volonté.
    La nouvelle liturgie à résolu le débat en supprimant purement et simplement le temps de la Loi/Volonté de Dieu.
    Bien sûr on nous rétorquera qu’il n’y a pas de Loi dans la liturgie Luthérienne et que la Loi peut être proclamée dans la déclaration du pardon ou dans la prédication. Certes, mais la disparition de l’annonce explicite de la volonté de Dieu pour notre vie nous semble un pas supplémentaire vers une théologie où Dieu est plus un compagnon de route que notre créateur aimant mais exigeant. Cette interprétation est d’ailleurs renforcée par la façon dont est abordé le péché.
  2. La notion du péché
    Notre compréhension du péché est qu’il est une rébellion, une séparation radicale, totale, entre Dieu et l’Homme résultant de la volonté humaine de se mettre au centre du monde et de prendre la place qui reviens à Dieu. Tout le reste découlant de cette auto-idolâtrie.
    Mais rien de tel dans la reconnaissance du péché dans la liturgie proposée. Le péché s’apparente ici simplement à une fatigue, une lassitude sur le chemin de la vie où Dieu viendra nous relever pour nous remettre en route. Et que dire de la repentance, totalement absente dans ce texte.
    Pas besoin, avec cette théologie du péché, que le Verbe se fasse chair et vienne mourir sur la Croix pour nous racheter de ce coup de fatigue.
  3. La Christologie sous-jacente
    D’ailleurs la christologie sous-jacente à cette liturgie pose des problèmes. Jésus est bien reconnu dans son humanité (« l’homme de Nazareth »,  « Jésus notre frère », « Jésus le Christ que tu as envoyé afin qu’il emprunte notre chemin d’humanité et devienne notre frère »). Mais pas une seule mention explicite ou implicite de Jésus comme Seigneur et Dieu de toute éternité. Et la seule référence indirecte à la croix (dans l’anamnèse) ne la relie pas au pardon des péchés.

Non décidément, si ce texte n’était qu’une proposition de liturgie parmi d’autre, passe encore nous en avons entendu de bien pire. Mais il n’est certainement pas à la hauteur d’une liturgie de référence pour une Église qui se veut fondée sur la révélation biblique, ancrée dans la tradition apostolique et fidèle aux grands principes de la Réforme.

René Lo Negro & Arnaud Lépine-Lassagne

16 réflexions au sujet de « A propos d’une Liturgie commune »

  1. Merci de votre approche et cette mise à distance de ce qui devient rapidement « La Grâce à bon marché », avec les graves dangers qu’elle renferme

  2. J’abonde à 100% dans le sens de ce commentaire sous tous ses aspects, car ce projet de l’EPUdF est une nouvelle fois un révélateur de sa volonté scandaleuse d’édulcorer la Parole de Dieu pour la rendre compatible avec toutes les pensées de ce monde. On est en plein dans l’auto-idolâtrie de l’EPUdF !

  3. Bonjour, il faut qu’ils reviennent vraiment à la Parole de Dieu…le monde doit rester hors de la maison de Dieu…il y a un grand problème de Sanctification !!!

  4. Perso, je compose une liturgie différente chaque dimanche, en fonction du thème de ma prédication ou du contenu de l’évangile… et avec toujours la Loi/Volonté de Dieu, avant ou après la Confession du Péché. Même si je ne suis guère porté à confesser la Foi nicéenne dans sa totalité, je mets toujours une Confession de Foi parlant du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Trois Manifestions du même Dieu et Seigneur dans le Monde et notre vie. J’ai intégré des textes de la Liturgie jaune comme des différents recueils « La Galette et la Cruche », avec des textes issus des autres traditions chrétiennes… mais à cause des mêmes manques soulevés ici, je n’expérimenterai pas cette liturgie nouvelle imposée d’en-haut et sorti comme de nulle part (en tout cas pas issu de l’Eglise, donc de l’ensemble de nos communautés locales). Fraternellement !

  5. Tout à fait d’accord avec ces réflexions. Hélas, « la grâce à bon marché ». Je regrette également une liturgie minimaliste de la Sainte Cène. Décidément, je me réfère à la « Liturgie verte »…

  6. Merci à René Lo Negro et Arnaud Lépine-Lassagne pour leur analyse pertinente et leur prise de parole courageuse.
    Nous sommes nombreux à nous interroger sur les évolutions théologique de l’EPUdF qui à petits pas s’éloigne de plus en plus de la foi réformée.

  7. Je suis d’accord et à 100 pour 100 des observations faites sur cette qui consiste à mettre le PÈRE, le FILS et le SAINT-ESPRIT à la périphérie de la foi chrétienne. Nous devons rester fidèle à nos racines. Nous devons pas adapter la foi à l’évolution de la société actuelle, société sans foi ni loi du CRÉATEUR,

    1. Cette nouvelle liturgie me semble destinée à ne pas déranger les élites… Qui veulent ignorer que les hommes sont tous pécheurs, tous sales, tous incohérents… Que tous, nous avons besoin du pardon régénerateur de Dieu, en Jésus-Christ… et que le suivre vraiment nous amène plus loin et plus profond que nous l’imagnions…

  8. On pourrait rajouter la présentation de la cène inappropriée mais bien dans le style du texte.
    Il serait utile de proposer une autre liturgie.
    En partant de la réflexion qui sous-tend les formations libéré il y a de la matière pour utiliser des mots nouveaux qui transmettent quand même l’enseignement des écritures, de la Bible.

    1. Vous avez raison Hervé. Nous n’avons pas relevé ce point parce que selon nous il dérive directement des points que nous avons soulevés. A partir du moment ou la volonté de Dieu n’est pas souveraine, le péché quelque chose d’anecdotique et Jésus un simple exemple humain… Avec cette théologie, toute la dimension rédemptrice de la croix est estompée. Le repas du Seigneur devient avant tout un temps de rassemblement, dans l’église, des hommes de bonne volonté. La mort de Dieu Lui même sur la croix pour le pardon de notre péché et le rétablissement éternel de notre relation avec Lui n’est plus proclamée.

  9. Grand débat entre nous…
    alors qu’AUTOUR de nous, nos frères humains vivent dans l’angoisse, une angoisse qui leur tenaille les tripes, les obsède nuit et jour…

    Nos conflits idéologiques dans l’Eglise me semblent ressembler parfois aux conflits des cours de récréation…

    C’est alors notre péché suprême. Nous quereller, nous mépriser parfois… Pour quoi ? Pourquoi ?

    Jésus fils de Dieu se lasse-t-il de nous rappeler que l’urgentissime c’est l’Autre ! Pas la défense de mes  » convictions » que je considère « fidèles » à LA parole de Dieu… »
    Qu’est-ce qui est Essentiel ?

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